Pour le plaisir de partir
Toujours le même ciel idiot
à travers les mêmes carreaux.
«Faut respirer un air nouveau»
disait souvent la fille.
Ça faisait longtemps qu'elle en rêvait,
longtemps que son sac était prêt.
Elle avait envie de grandir,
elle avait besoin de partir
Comme d'autres se déguisent,
elle voulait voir si Venise
ressemblait à ses chansons,
si l'on pleurait sous ses ponts;
voulait voir le temps des cerises
qu'on a jamais pu cueillir
et partir pour le plaisir de partir.
Un jour elle a tout bazardé,
sa moto, ses robes et ses clés.
Ses volets sont restés fermés
sur une chambre vide.
Et on a parle dans le pays
d'un garçon qu'elle aurait suivi.
Personne ici ne voulait croire
simplement qu'elle en avait marre.
Comme d'autres se déguisent,
elle voulait voir si Venise
ressemblait à ses chansons,
si l'on pleurait sous ses ponts;
voulait voir le temps des cerises
qu'on a jamais pu cueillir
et partir pour le plaisir de partir.
Y a pas de carte pour trouver
les chemins de la liberté.
Va savoir où elle est tombée–
dans quelle ville absurde?
Sous les cris de quelle révolution?
Dans quelle guerre de religion?
Ou dans une île d'Océanie,
dernier rempart du paradis?
Comme d'autres se déguisent,
elle voulait voir si Venise
ressemblait à ses chansons,
si l'on pleurait sous ses ponts;
voulait voir le temps des cerises
qu'on a jamais pu cueillir
et partir pour le plaisir de partir.