J'écoutais Sweet Baby James
C’était loin en décembre, je me souviens encore
du désordre étudié dans le fond de ta chambre,
de la neige dehors qu’on regardait descendre,
et de nos cœurs surtout qui tourbillonnaient fort.
De nous deux, c’était toi qui avais l’expérience.
T’as monté la radio d’un ou deux crans de plus ;
ça m’arrangeait j’avoue, j’avais peur des silences.
Et d’un coup la chanson a démarré immense ;
t’as murmuré deux mots mais je n’entendais plus.
J’étais perdu dans mes lunes lointaines.
J’écoutais Sweet Baby James.
Après un long baiser, t’as dit : « Est-ce que tu m’aimes ? »
J’ai menti, j’allais pas dire quand même
que j’écoutais Sweet Baby James.
Je m’souviens de mes doigts qui battaient le tempo,
d’une suite d’accords qui me donnait la fièvre.
Je n’aurais dû penser alors rien qu’à tes lèvres,
qu’à tes regards brûlants et qu’au miel de ta peau.
J’ai jamais dit les mots que tu rêvais d’entendre.
Je me souviens toujours de tes longs cheveux noirs,
des longueurs du couloir quand j’ai quitté la chambre,
de la neige-miroir dans le froid de décembre
et de l’étrange voix qui avait changé l’histoire.
J’étais perdu dans mes lunes lointaines
et j’écoutais Sweet Baby James.
J’aurais dû retourner, t’expliquer que quand même.
J’ai jamais voulu te faire de peine…
mais que j’écoutais Sweet Baby James.